Données d’investigation

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Données d’investigation

(Last Updated On: 12 juillet 2019)

Certaines données contenues dans le dossier médical sont précieuses pour orienter le suivi de façon adaptée. Les informations ne sont pas toujours accessibles mais dans l’idéal, il est utile de connaître certains points.

Il est nécessaire de savoir à quel point le nerf a été touché notamment dans le cadre d’une intervention chirurgicale (y a-t-il eu section?).

Données du testing facial

Plusieurs échelles d’évaluation peuvent être utilisées par les médecins. Celle de House et Brackman est la plus usitée mais nous vous proposons également une courte présentation d’autres versions existantes.

  • Cotation de House et Brackman :

On lui reproche souvent un manque de précision du fait de sa passation objective. Elle est surtout utilisée pour le suivi à moyen et long terme pour évaluer rapidement la symétrie de la face au repos et en mouvement et qualifier la sévérité de l’atteinte. Une version 2.0 est sortie en 2009.

Pour une évaluation immédiate, on peut utiliser :

  • Cotation de Freyss :

Evaluation visuelle de la motricité de 10 groupes musculaires côtés de 0 à 3. Ces groupes sont répartis entre paramédians et latéraux.

0 : pas de contraction
1 : ébauche de contraction
2 : contraction ample mais sans force.
3 : contraction normale.

Score total obtenu /30

Entre 20 et 30 = atteinte légère
Entre 10 et 20 = atteinte moyenne
Entre 0 et 10 = atteinte sévère
0 = PF totale

  • Classification de Portmann :

Le testing musculaire donne un score sur 20 avec l’attribution de trois points par étapes de demi-points aux six principaux mouvements de la face. Deux points sont également ajoutés pour le tonus.

 

Données des examens électrophysiologiques

Les données de l’EMG et d’une éventuelle IRM sont très importantes pour assurer le suivi. Si vous y avez accès, voici quelques indications afin de vous aider à interpréter les données.

  • Electromyogramme (évaluation à 21 jours)

L’électromyogramme renseigne sur le pourcentage de fibres fonctionnelles et permet d’établir le pronostic de la PFP et de suivre son évolution malgré l’absence de récupération clinique (Kammoun et al., 2018). 

La contraction musculaire est la conséquence du recrutement des unités fonctionnelles du muscle appelées unités motrices (notées UM). On appelle Potentiel d’unité motrice (PUM) la sommation de ces activités électriques.

Au repos :

Dans un muscle sain, aucune activité électrique n’est normalement enregistrée au repos hormis une brève activité à l’introduction de l’aiguille. Mais ce silence peut également être le signe d’une dénervation totale du muscle.

L’enregistrement de potentiels de fibrillation vers le 10e-12e jour témoigne d’une dénervation avec des contractions involontaires des fibres musculaires. S’ils surviennent à partir de la 2e ou 3e semaine d’évolution, cela peut traduire une régénération des fibres. S’ils sont plus précoces, leur présence signifie plutôt un risque d’atteinte chronique du nerf. La disparition secondaire de cette activité de fibrillation  en l’absence d’un début de ré-innervation est de mauvais pronostic.

En contraction :

Lors d’une mise en mouvement volontaire, le médecin évalue le nombre et les caractéristiques (amplitude, durée, forme) des potentiels d’unité motrice qui apparaissent et s’amplifient avec la force de contraction.

Un muscle sain produit une onde triphasique d’une amplitude de 50 à 1500 mV.

Une absence de réponse à la stimulation faciale ou la diminution de l’amplitude de plus de 90% par rapport au côté sain est un facteur de mauvais pronostic 15 jours après la lésion originelle (Le Simple, 2002).

La récupération des fibres musculaires dénervées engendre des potentiels polyphasiques dits de réinnervation. Cela signifie que les muscles attendent le signal du nerf mais que ce dernier n’a pas encore donné un signe de début de rétablissement.

Une réponse des muscles côté atteint lors de la stimulation du côté sain indique une extension du territoire du nerf facial contro-latéral (côté sain) par bourgeonnement de ses fibres.

  • Réflexe trigémino-facial (blink reflex) 

Le réflexe du clignement permet l’exploration du nerf facial au niveau d’une boucle réflexe. Il met en évidence une atteinte du V et du VII. Il peut être particulièrement utile dans les cas de neurinomes de l’acoustique ou d’étiologie tumorale. 

Le blink reflex est enregistré au niveau de l’orbiculaire des paupières suite à une stimulation du nerf sus orbitaire. Sont étudiés la latence et l’amplitude de réponse à la stimulation.

Pronostic favorable : réflexe présent ou réapparition durant les dix premiers jours

Pronostic défavorable : absence du réflexe durant les deux ou trois premières semaines

 La présence de syncinésies oeil-bouche modifie la réponse réflexe, qui se diffuse jusqu’aux muscles de la commissure labiale. Le réflexe s’organise alors au niveau de l’orbiculaire palpébral et labial.

  • Electoneuronographie (ENoG, évaluation dans les 12 premiers jours)

Elle consiste à évaluer la perte en fibres nerveuses motrices. Un potentiel global est recueilli par des électrodes de surface. Son amplitude est comparée entre côté atteint et côté sain. Le rapport des deux donne un pourcentage de fibres nerveuses dégénérées.

En phase aiguë, une altération électroneuronographique indique (d’après Le Simple, 2002) :

Jusqu’à 50% : récupération très bonne
De 50% à 90% : récupération bonne mais lente
De 90% à 98% : récupération possible mais avec souvent des séquelles liées à une réinnervation aberrante
De 98% à 100% : récupération mauvaise ou nulle

Certaines étiologies vont modifier défavorablement l’évolution, d’où l’importance d’un suivi régulier pour constater l’évolution de la réinnervation ou l’apparition des syncinésies.

 

Réflexe stapédien (réflexe cochléo-facial) 

Il explore les voies de connexion entre les noyaux du nerf cochléaire et ceux du nerf facial :

  • Présent le 12e jour : forme bénigne
  • Absent dans les 4 premiers jours,  réapparition vers le 12e jour : bon pronostic
  • Absent après le 14e jour, réapparition dans les 15 jours suivants : bon pronostic
  • Absent au cours des 12 premiers jours : risque de récupération partielle avec séquelles (à contrôler)
  • Absent après un mois : diagnostic péjoratif (après 5 mois très péjoratif)
  • Présent sans signes de récupération après 5 mois : suspicion d’une lésion expansive

SOURCES

  • Braccini, F., Bisschop, G DE., L’exploration électrophysiologique des paralysies faciales périphériques
    Repéré à http://www.braccini.net/document/PDF/Paralysie%20Faciale.pdf
  • Collège français d’ORL et de Chirurgie Cervico-faciale. (2014). Item 99 (ex item 326) : Paralysie faciale périphérique. Université Médicale Virtuelle Francophone.
    Repéré à campus.cerimes.fr/orl/enseignement/paralysiefaciale/site/html/cours.pdf
  • Gatignol, P., Lannadère, E., Lamas, G. (2008). Le toucher dans la rééducation des paralysies faciales périphériques. Rééducation orthophonique n°236, 99-112.
  • Gatignol, P., Lannadère, E., Bernat, I., Tankéré, F., Lamas, G. (2011). Bénéfices de la rééducation d’une paralysie faciale périphérique. Revue Médicale Suisse 311(35), 1908–1913.
  • Kammoun, R., Kammoun, I., Masmoudi, D., Allaya, F., Haddar, A., Triki, L., Zouari, H.G., Masmoudi, K. (2018). Quel est l’apport de l’électroneuromyogramme ENMG dans la phase tardive des paralysies faciales périphériques? Neurophysiologie clinique, 48 (4), p.236.
  • Lannadère, E. Gatignol, P. (2011). Prise en charge des paralysies faciales périphériques. Les entretiens de Bichat 2011, 79-93.
  • Lannadère, E., Gatignol, P., Picard, D. (2016). Principes de rééducation d’une paralysie faciale périphérique. Les monographies Amplifon, 60 (Réhabilitation de la face paralysée), 89-114.
  • Le Simple, H. (2002). L’électromyographie de la face. Rééducation orthophonique n°210, 77-83.
  • Faculté de Médecine de Grenoble : http://www-sante.ujf-grenoble.fr/SANTE/corpus/disciplines/orl/otoneuro/326/lecon326.htm
  • Hôpital Lariboisière : http://www.orl-hopital-lariboisiere.com/paralysie-faciale-peripherique.htm
By | 2019-07-12T10:13:04+00:00 janvier 15th, 2018|Information professionnelle|0 Comments

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