Soins de première intention

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Soins de première intention

(Last Updated On: 23 juillet 2019)

Le parcours de soin du patient débute dans un premier temps par une corticothérapie et une rééducation orthophonique et/ou kinésithérapique. Ces soins se poursuivront même si une chirurgie palliative est envisagée dans un second temps.

A. Les traitements médicamenteux

Les corticoïdes sont prescrits dans les cas de PFP complètes vues précocement. Ses bénéfices sont reconnus (mais encore étudiés) contre le risque de séquelles dans les PFP idiopathiques avec un faible risque d’effets secondaires (Madhok et al., 2016). Les doses sont fixées par le médecin et diminuées progressivement.

Le médecin peut également prescrire des antiviraux associés à ce traitement. Leur efficacité directe n’est cependant pas clairement attestée (Texeira, Valbuza, Prado, 2011 ; Zandian et al., 2014).

Contre-indications :

– Diabète ou étiologie infectieuse
– Interaction avec d’autres médicaments 

B. Les soins oculaires

La PFP peut provoquer une Atteinte de l’œil, souvent gênante, voire risquée pour la personne. La protection de l’oeil représente l’urgence première de la prise en charge. Des soins spécifiques doivent être apportés pour permettre son humidification en journée et son occlusion durant la nuit.

Des conseils de gestes en vie quotidienne peuvent également être prodigués car ils préviennent le risque de complications (⇒ voir rubrique Conseils).

  • Les soins locaux

En cas d’inocclusion palpébrale la nuit, on conseille la fermeture de la paupière à l’aide de pansement adhésif. Il est à placer sur la paupière supérieure (peau bien sèche).

Une pommade vitamine A peut être appliquée auparavant sur le globe sans déborder sur la paupière supérieure.

Attention à ne pas placer le collant sur le globe directement car cela empire l’irritation. Pour cela, fermer d’abord la paupière en regardant vers le bas et en s’aidant de la main. 

Les bandes collantes sont appliquées à l’horizontal afin d’éviter que l’adhésif aille sur la cornée en cas d’ouverture de l’oeil inopinée.

Pour appliquer la pommade ophtalmique à la vitamine A ou tout gel lubrifiant, tirer la paupière inférieure vers le bas tout en regardant vers le haut et déposer l’équivalent d’un grain de riz de pommade entre la paupière et le globe oculaire (2-3 fois par jour minimum, à volonté si irritation).

Attention aux allergies (présence de lanoline).

Après avoir appliqué les larmes artificielles, faire doucement glisser la paupière supérieure avec le doigt vers le bas sans appuyer sur l’œil.

 

Les nettoyages du globe oculaire nécessitent des solutions sans conservateur.

Ils se font de façon directe en prenant garde de ne pas mettre en contact le flacon avec la surface de l’œil et en essuyant l’excédent avec une compresse ou du coton hydrophile.

 

En cas de complications au niveau de la cornée de l’oeil, le médecin peut prescrire un collyre cicatrisant à appliquer plusieurs fois par jour;

Attention, certains produits peuvent susciter des réactions toxiques ou des allergies. Le traitement devra donc être suivi de près.

 

  • La chirurgie oculaire

La chirurgie a pour but de corriger l’affaissement du sourcil, la rétraction de la paupière supérieure et /ou l’ectropion (affaissement de la paupière inférieure qui se décolle du globe).

L’intervention peut être temporaire ou définitive. Elle est envisagée lorsque les soins oculaires ne suffisent pas à obtenir une fermeture palpébrale satisfaisante.

Souvent, une ecchymose apparaît à la suite de l’intervention mais disparaît progressivement.

La tarsorraphie est une intervention qui consiste à suturer les bords des paupières. Elle peut être partielle (externe ou interne) ou totale en cas d’ulcère de la cornée où seule une petite ouverture sera laissée pour la vision.

Cette technique n’est pas utilisée en première intention.

Par F. Irochima et D. de Freitas © 2018 American Academy of Ophthalmology


La tarsorraphie peut être associée à un allongement de de la paupière supérieure.

Si plusieurs techniques existent, elles consistent souvent à remonter passivement le sourcil par une résection de peau au-dessus de cette zone ou à pratiquer un lifting côté paralysé.

  • L’allongement du muscle releveur de la paupière supérieure :

Cette technique consiste à réaliser une cicatrice dans le pli de la paupière du haut, où le muscle releveur (innervé par le V) est rallongé par une portion d’aponévrose temporale (membrane qui enveloppe les muscles au niveau des tempes) ou parfois de tendon prélevé au niveau de la cuisse.

  • L’alourdissement de la paupière supérieure :

La pratique consiste à insérer sous anesthésie locale une plaque d’or ou de platine à l’intérieur de la paupière du haut.

Image tirée de The Facial Paralysis Institute

On peut également utiliser du cartilage de conque, prélevé au niveau de l’oreille.

La toxine botulique peut être envisagée comme une alternative à ces interventions mais reste  délicate dans son utilisation car elle risque d’engendrer une sécheresse oculaire si elle atteint la glande lacrymale.

 

Dans le cas de l’ectropion paralytique, la paupière inférieure se décolle et n’est plus en contact du globe oculaire. En plus des complications oculaires (larmoiement, rougeur, conjonctivite, difficultés au niveau de l’occlusion palpébrale, sensation de brûlure), il impacte l’esthétisme du visage avec un oeil qui apparaît tombant.

L’intervention consiste à rétablir la position initiale et naturelle du bord décollé de la paupière.

Plusieurs techniques existent, en voici quelques exemples :

  •  La résection d’une portion de paupière inférieure :

La résection concerne le tissu cutané ainsi que le muscle orbiculaire des paupières.

Vous pouvez retrouver une vidéo explicative sur le site de Allô docteur.

  • L’armature de la paupière inférieure par le cartilage de conque :

Le cartilage de conque prélevé au niveau du pavillon de l’oreille est placé au sein de la paupière inférieure par une incision entre le septum et le muscle orbiculaire.

  • La canthopexie (suspension de la paupière) :

Cette technique consiste à suspendre la paupière inférieure par une languette tendineuse. Elle reste peu pratiquée, car les risques de relâchement du tendon sont assez fréquents et les résultats esthétiques ne sont pas forcément concluants.

C. La rééducation

La réhabilitation fonctionnelle des muscles de la face est assurée par l’orthophoniste et/ou le kinésithérapeute. Coordonner les deux suivis est idéal, car cela permet une répartition des objectifs selon l’expertise de chacun. La rééducation est indispensable pour une récupération la plus optimale possible, que ce soit à la suite d’une intervention chirurgicale ou non. Elle est précédée d’un bilan musculaire et fonctionnel de la face et nécessite toujours une prescription médicale.

  • Orthophonie :

L’objectif de l’orthophoniste consiste en une réhabilitation des muscles de la face, au service de la communication verbale et non verbale et des émotions. Il vise par ailleurs à améliorer les fonctions impactées par la paralysie, notamment l’articulation et la mastication-déglutition. 

Durée : séances de 30 minutes

  • Kinésithérapie :

La rééducation consiste à rétablir l’équilibre du visage par un travail musculaire. Les massages font partie intégrante de la prise en charge afin d’éviter l’installation d’une spasticité ou de la réduire, ainsi que d’optimiser une récupération fonctionnelle musculaire et globale.

Durée : séances de 30 minutes

 

D. Les interventions chirurgicales “primaires” (dans l’année suivant l’apparition de la PFP)

  • La décompression du nerf facial :

La compression du nerf abîme les fibres qui ne transmettent plus normalement l’influx nerveux, au risque de devenir définitif. Selon les cas, la décompression urgente peut être chirurgicale ou permise par la résorption d’un oedème ou autre source de compression.

  • La suture nerveuse ou la greffe nerveuse :

En cas de section nette du nerf, une intervention chirurgicale précoce est nécessaire car la partie du nerf qui ne reçoit plus l’influx récupère moins bien à distance.  Elle consiste :

– soit à recoudre le nerf en mettant en bout à bout les parties séparées (suture),

– soit à relier les deux parties séparées trop éloignées en greffant une portion d’un autre nerf  (plexus cervical superficiel ou nerf saphène externe au niveau de la cuisse) car la suture entraînerait un excès de tension du nerf facial (greffe).
L’influx nerveux doit alors passer par deux zones nerveuses cicatricielles et mettra donc plus de temps à récupérer.

E) Les autres suivis éventuels

  • Psychothérapie :

Beaucoup de patients font état d’une anxiété importante ou d’une baisse de moral conséquente du fait de la PFP. La qualité de vie au quotidien peut être sévèrement bouleversée. Un suivi psychologique peut aider la personne à accepter son visage transformé  et affronter toutes les conséquences socio-professionnelles qu’il provoque.

  • Acupuncture :

L’impact de l’acupuncture sur la PFP est régulièrement étudiée dans les travaux asiatiques. Si des résultats bénéfiques ont récemment été évoqués dans la vitesse et la qualité de récupération (Mihardja, Meuratana, Ibrahim, 2017), il ne faut pas oublier que ces études comportent souvent des biais (échantillon peu élevé voire unique, durée expérimentale courte,…).

L’efficacité de l’acupuncture est donc à considérer avec prudence.

SOURCES

  • Butler, D.P., Grobbelaar, A.O., (2017). Facial palsy : what can the multidisciplinary team do?. Journal of Multidisciplinary Healthcare 2017(10), 377-381.
  • Choquet, M. (2011). La paralysie faciale idiopathique : orthophonie et kinésithérapie. Elaboration d’un feuillet informatif destiné aux médecins prescripteurs. (Mémoire pour le Certificat de Capacité d’Orthophonie). Université de Strasbourg.
  • Gatignol, P., Lannadère, E., Bernat, I., Tankéré, F., Lamas, G. (2011). Bénéfices de la rééducation d’une paralysie faciale périphérique. Revue Médicale Suisse 311(35), 1908–1913.
  • Grogan, PM., Gronseth, GS., (2001). Practice parameter : steroids, acyclovir and surgery for Bell’s palsy (an evidence-based review. Report of the Quality Standards Subcommittee of the Amercian Academy Neurology, 56(7).
  • Guépratte, N., Lebuisson, D.A.(2001). Prise en charge ophtalmologique d’une paralysie faciale. Journal Français d’Ophtalmologie, 24 (6), 677-678.
  • Gusha, YO., Fedorov, AA., Iskusnykh, NS., Bogacheva, NV., Kobzova, MV., Novikov, VA., Fettser, EI., Schcheglova, TA. (2016) Gold weight implants for lagophthalmos correction in chronic facial nerve paralysis (late results). Vestn Oftalmol, 132(2), 26-32.
  • Hasmat, S., Lovell, NH., Suaning, G.J., Low, T.H., Clark, J (2016). Restoration of eye closure un facial paralysis using implantable electromagnetic acutator. Journal of plastic, reconstructive and aesthesic surgery, 69(11), 1521-1525.
  • Joseph, S.S., Joseph, A.W., Smith, J.I., Niziol, L.M., Musch, D.C., Nelson, C.C. (2017). Evaluation of Patients with Facial Palsy and Ophthalmic Seaquelea : A 23-Year Retrospective Review. Ophtalmic Epidemiology, 24(5), 341-345.
  • Lafosse, D. (2009). Prise en charge en kinésithérapie de la paralysie faciale périphérique non opérée. La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale, 318. 18-21.
  • Lamas, G., Gatignol P. (2004), Paralysies faciales. Paris, France : Solal.
  • Lamas, G., Tankéré, F., Gatignol, P., Vertu-Ciolino, V., Disant, F., Van den Abbeele, T., Racy, E. Russo, F.Y. (2016). Réhabilitation de la face paralysée. Les monographies Amplifon, 60.
    Repéré à l’URL : https://www.amplifon.com/documents/406814/1006539/Monographie-Amplifon-num%C3%A9ro-60/ff6b6bf5-4fab-43fb-9567-38140c13b0c2
  • Lambert-Prou, MP. (2016). UE 5.4.3 : Prise en charge orthophonique des paralysies faciales périphériques, opérées ou non. Département d’orthophonie, UFR Médecine de Caen.
  • Lannadère, E. Gatignol, P. (2011). Prise en charge des paralysies faciales périphériques. Les entretiens de Bichat 2011, 79-93.
  • Madhok, VB., Gagyor, I., Daly, F., Somasundara, D., Sullivan, M., Gammie, F., Sullivan, F. (2016). Corticosteroids for Bell’s palsy. Cochrane Database of Systematic Reviews 2016 (7).
  • Mihardja, H., Meuratana, P.A., Ibrahim, A. (2017). Acupuncture therapy to the head and face to treat post-trauma paralysis of peripheral fascial nerve dextra. Journal of Physics, 884 (1). 
  • Op de Beeck, P. (1995). Les paralysies faciales périphériques Aspects théoriques et pratiques. Glossa n°43, 14-25.
  • Porte, AG., Poutrieux J. (2015). Les prises en charge orthophonique et kinésithérapique des paralysies faciales périphériques chez l’adulte : complémentarité et collaboration (Mémoire pour le Certificat de Capacité d’Orthophonie). Université de Lorraine.
  • Racy, E., Fayet, B. (2016). Chirurgie palpébrale palliative. Les monographies Amplifon, 60 (Réhabilitation de la face paralysée), 85-88.
  • Thakar, A., Gupta, M.P., Srivastava, A., Agrawal, D., Kumar, A., (2018). Nonsurgical treatment for Posttraumatic Complete Facial Nerve Paralysis. JAMA Otolaryngolgy Head and Neck Surgery
  • Texiera, LJ., Valbuza, JS., Prado, GF. (2011). Physical therapy for Bell’s palsy (idiopathic facial paralysis). Cochrane Database System Review, (12).
  • Zandian, A., Osiro, S., Hudson, R., Ali, IM., Matusz, P., Tubbs, SR., Loukas, M. (2014). The neurologist’s dilemma : a comprehensive clinical review of Bell’s palsy, with emphasis on current management trends. Medical Science Monitor 20, 83-90.
  • CHU de Nantes : http://www.chu-nantes.fr/orl-decompression-du-nerf-facial-4529.kjsp
  • Hôpital Lariboisière : http://www.orl-hopital-lariboisiere.com/paralysie-faciale-peripherique.html
  • Hôpital Saint Louis : http://www.hopitalsaintlouis.org/index.php?option=com_content&view=article&id=115:traitement-chirurgical-de-la-paralysie-faciale&catid=37:plastique-generale-i&Itemid=89
  • Site du Dr Xavier Lachiver : http://www.chirurgie-faciale.fr/p/chirurgie-faciale/paralysie-faciale/prise-en-charge-de-l-etage-orbitaire
  • Société française d’Ophtalmologie (2000). Chirurgie de l’ectropion et de l’entropion. Fiche d’information n°34.
    Repéré à l’URL : https://www.chu-besancon.fr/maxillo/fiches/SFO/Ectropion_et_entropion.pdf
By | 2019-07-23T15:27:29+00:00 janvier 17th, 2018|Information publique|0 Comments

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